Un héritage historique du Maroc en France: la Grande Mosquée de Paris
La construction de la Grande Mosquée de Paris, un monument emblématique de la capitale française et symbole de la présence musulmane en France, a été rendue possible grâce à un mélange complexe de soutiens, dont une contribution importante des Marocains. En effet, le rôle des Marocains dans le financement de cette mosquée, édifiée entre 1922 et 1926, illustre à la fois l'engagement spirituel, politique et culturel de la communauté marocaine en France au début du XXe siècle. Loin d’être une simple participation économique, cet investissement fut également un geste symbolique de solidarité envers la France, marquant une étape cruciale dans la relation entre les deux pays.
Contexte historique.
La Grande Mosquée de Paris a été construite après la Première Guerre mondiale, en reconnaissance de la contribution des soldats musulmans qui se sont battus aux côtés de l’armée française. Une partie importante de ces soldats venaient des anciennes colonies françaises, dont le Maroc. À la fin de la guerre, la France cherchait à honorer ces combattants musulmans tout en établissant une présence musulmane visible et respectable à Paris, notamment dans un contexte de relations diplomatiques tendues avec les puissances coloniales.
Le financement de la mosquée a impliqué plusieurs sources de financement, parmi lesquelles une aide notable de pays musulmans, dont la plus grande part revient au Maroc. Le sultan du Maroc, Moulay Youssef, ainsi que des citoyens marocains, au Maroc et en France ont joué un rôle clé dans la collecte des fonds nécessaires à la réalisation de ce projet monumental.
La solidarité marocaine :un geste symbolique.
La contribution marocaine à la construction de la Grande Mosquée de Paris ne se limite pas uniquement à un soutien financier. Elle revêt également une dimension symbolique importante. À travers ce financement, la communauté marocaine en France, bien qu’encore relativement petite à l’époque, a exprimé son profond respect pour la France tout en affirmant son identité culturelle et religieuse. Le Maroc, sous le protectorat français à l'époque, a saisi l’opportunité de marquer son empreinte à Paris, à la fois pour honorer les morts des soldats marocains et pour solidifier ses liens avec la nation française.
Une autre dimension de cet acte était la volonté de renforcer les relations entre le Maroc et la France en favorisant une meilleure compréhension mutuelle de la culture musulmane. En effet, en envoyant des fonds pour un projet aussi symbolique, le Maroc démontrait son engagement à établir une France plus inclusive et respectueuse des divers courants spirituels.
Le rôle de la communauté marocaine en France.
Outre le soutien gouvernemental, la communauté marocaine en France a joué un rôle clé dans cette démarche. Les Marocains installés dans l’Hexagone, pour la plupart issus de l’immigration de travail au début du XXe siècle, ont contribué activement à cette cause. En effet, de nombreux Marocains ont fait des dons personnels pour participer à ce projet. Ces dons ont été collectés non seulement par des associations marocaines, mais aussi par des collectes informelles organisées dans les villes où la communauté était la plus nombreuse, comme Paris, Casablanca et Marrakech.
La mosquée a ainsi incarné l'aspiration d’unité et de solidarité parmi les Marocains de France, qui souhaitaient se faire reconnaître en tant que citoyens français à part entière tout en préservant leur identité musulmane et marocaine. De plus, la mosquée allait devenir un lieu de culte, de rencontre et de culture pour la diaspora, contribuant ainsi à créer un lien solide entre les générations futures et leur héritage marocain.
Le rôle du sultan Moulay Youssef du Maroc.
La participation marocaine a été significative, à la fois financièrement et symboliquement. Le sultan du Maroc, Moulay Youssef, a effectivement contribué de manière importante au financement de la mosquée. Selon certains rapports historiques, le Maroc a offert une somme qui aurait représenté environ 4 millions de francs, une somme considérable pour l’époque, bien que les détails exacts soient flous. Ce montant a été utilisé pour une partie importante des coûts liés à la construction de la mosquée, bien que le financement ait également impliqué d’autres pays musulmans et institutions, ainsi que des dons privés de la communauté musulmane en France :
« -Protectorat du Maroc (versé) : 50.000 frs
- Protectorat du Maroc (à verser) : 50.000 frs
-Souscriptions musulmanes marocaines (versées) : 2.000.000 frs
- Souscriptions musulmanes marocaines (à recouvrer) : 1.800.000 frs. »
En comparaison, l’apport de l’Algérie selon les archives de la Mosquée de Paris, elle a fourni 100.000 frs, tandis que la Tunisie a versé 50.000 et toute l’Afrique occidentale française 50.000 frs, des montants symboliques face à l’effort colossal déployé par le Maroc.
« Le ministre des Habous conserve encore le reçu d’un montant de deux millions de francs, somme utilisée pour finaliser les travaux avant leur inauguration par le sultan Moulay Youssef. »(1) Les contributions populaires.
Outre l'aide directe du gouvernement marocain, il faut noter que la communauté marocaine vivant en France, ainsi que d'autres communautés musulmanes, ont également contribué à cette collecte. Des fonds ont été collectés par des associations, mais aussi par des dons personnels. Cependant, il est difficile de quantifier exactement la part spécifique des dons marocains dans l’ensemble de ce financement populaire.
Le coût total de la construction.
Le coût total de la construction de la mosquée a été estimé à environ 10 millions de francs de l’époque. Ce montant a été financé par une combinaison de dons provenant de différents pays musulmans, des autorités françaises et de la communauté musulmane en France. Le Maroc, en tant qu'acteur majeur, a donc contribué à hauteur d'une proportion significative, bien qu'il ait fallu aussi l’intervention d’autres sources pour couvrir l’ensemble des coûts.
Un projet fédérateur.
La construction de la Grande Mosquée de Paris a également servi de modèle pour la création d’autres mosquées à travers la France, et a joué un rôle clé dans la structuration de l’Islam en France. À travers ce projet, les autorités marocaines ont contribué à renforcer l’idée que l'Islam, une religion pratiquée par de nombreux citoyens français, avait une place légitime dans la société française. Cette dimension politique et sociale a donc été aussi importante que l’aspect religieux du projet.
Le financement de la mosquée a permis à la communauté marocaine d'affirmer son rôle au sein de la société française tout en conservant des liens solides avec leur pays d'origine. Elle a permis de bâtir un pont symbolique entre deux cultures, tout en contribuant à la reconnaissance de l'Islam comme une composante essentielle de la diversité religieuse de la France.
Conclusion
La participation marocaine à la construction de la Grande Mosquée de Paris est un acte historique de solidarité, de foi et d’unité. En plus de son rôle spirituel et religieux, la mosquée représente un symbole fort de l'engagement des Marocains envers la société française, tout en affirmant leur identité culturelle. À travers cette contribution, les Marocains ont non seulement aidé à la réalisation d'un projet de grande envergure, mais ont aussi œuvré pour la reconnaissance de l’Islam dans le paysage culturel et social français. la Grande Mosquée de Paris demeure un monument de paix, d'unité et d'intégration, grâce à l’initiative et à la générosité des Marocains.
Bien que la contribution exacte du Maroc reste difficile à déterminer avec précision en raison du manque de sources détaillées, il est certain que la participation marocaine a été l’une des plus importantes. Le geste symbolique et financier a permis à la Grande Mosquée de Paris de voir le jour, et cette solidarité a renforcé les liens entre le Maroc et la France tout en marquant un moment important dans l’histoire de l’Islam en France.
On comprend dès lors que ce lieu de culte, qui fait l’objet de toutes les attentions aujourd’hui, soit devenu au fil des ans une antenne d’influence au service du régime d’Alger. Au point que la Grande Mosquée de Paris est considérée comme la véritable ambassade de l’Algérie en France.
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